Biodiversité
La haie comme protection vis-à-vis de la dérive
Alors que les appels à projets du Pacte en faveur de la haie sont en train d’être publiés (voir en fin d’article), le projet Capriv mené en viticulture montre tout l’intérêt des haies pour limiter la dérive de pulvérisation. Les raisons de travailler sur la limitation de la dérive de pulvérisation ne manquent pas : pollution des eaux de surface (Fosétyl-Al), voisinage des parcelles agricoles, contexte économique tendu dans plusieurs vignobles.
Le projet Capriv pour Concilier Application des produits phytopharmaceutiques et Protection des RIVerains montre une nouvelle fois qu’il est possible de réduire fortement la dérive de pulvérisation en viticulture. L’IFV est partenaire de ce projet commencé depuis 2021.
Dans le cadre de ce projet, plusieurs pulvérisateurs viticoles ont été testés en combinaison ou non avec une haie. Le banc d’essai EoleDrift a été utilisé pour mesurer la dérive de pulvérisation dans les pires conditions : vent de 18 km/h perpendiculaire au rang de vigne. Des mannequins sont placés à 3, 5, 10 et 20 mètres du rang traité pour mesurer l’exposition de personnes présentes et des boites de Petri sont placées au sol à 2, 3, 5, 10 et 20 m pour mesurer la dérive au sol. L’eau pulvérisée contient un traceur fluorescent.
Les matériels de pulvérisation testés sont les suivants :
- 2 voûtes pneumatiques classiques (Zaturn de Hardy et Hélios de Dhugues) utilisées comme témoins,
- 2 voûtes pneumatiques classiques (Zaturn de Hardy et Hélios de Dhugues) transformés en jet porté avec des buses à injection d’air,
- Un face par face avec buses à injection d’air (Calvet Eco),
- Un pulvérisateur à panneaux récupérateurs (Koléos de Dhugues).
La dérive diminue fortement avec la distance. Ceci dit, quel que soit le matériel utilisé, il est retrouvé du produit jusqu’à 20 m de distance parfois en quantité infime.
L’efficacité des appareils anti-dérive est confirmée : le face par face avec buses anti-dérive réduit la dérive de plus de 66% par rapport aux voûtes classiques et le pulvérisateur à panneaux réduit la dérive de 90%. L’une des voûtes transformées en jet porté a réduit la dérive de 66% (ceci dit cet équipement ne fait pas partie de la liste officielle des équipements permettant de réduire la dérive de pulvérisation).
L’effet d’une haie de 2 m de hauteur a été testé en complément. À elle seule, la haie permet de réduire la dérive de pulvérisation de 75 à 80%. En cumulant la haie avec l’usage du pulvérisateur face par face avec buses anti-dérive, on atteint une réduction de dérive de 95%.
Alors que les autorisations de mise sur le marché (AMM) des produits phytopharmaceutiques imposent de plus en plus une DSPPR (Distance de Sécurité vis-à-vis des Personnes Présentes et des Riverains) qui n’est pas réductible, il existe des moyens (équipements de pulvérisation, haies) pour réduire la dérive de pulvérisation. Ces moyens ne sont actuellement pas pris en compte dans cette réglementation qui n’incite les viticulteurs ni à investir dans des pulvérisateurs limitant la dérive ni à implanter des haies.
Les appels à projets liés au Pacte en faveur de la haie sont en train de paraître en régions. Ils permettent de financer à 100% des plantations de haies aux agriculteurs. Un diagnostic préalable doit être réalisé par les agriculteurs demandeurs. Plus d’informations ci-dessous :
Région Pays de la Loire – à venir
Sources : Steff,C. 2024. Halte à la dérive. La Vigne. N°374. Mai 2024. pp40-41.
La lutte biologique par conservation
Parfois présentée comme faisant partie des méthodes relevant du biocontrôle, la lutte biologique par conservation consiste à favoriser le développement des auxiliaires de cultures par des modifications de l’environnement des cultures ou des pratiques.
Les aménagements fleuris en viticulture
L’aménagement des pourtours de parcelles fait partie des méthodes de lutte biologique par conservation. En viticulture, ces aménagements, et notamment la mise en place de bandes fleuries, remplissent des objectifs esthétiques et environnementaux. En effet, les bandes fleuries sont des réservoirs de biodiversité qui peuvent héberger des auxiliaires de cultures : les prédateurs naturels des ravageurs de cultures.
Agrifaune
Le programme Agrifaune vise à contribuer au développement de pratiques agricoles qui concilient économie, agronomie, environnement et faune sauvage. Il est développé au niveau national et décliné dans chaque région en proposant aux agriculteurs d’adapter leurs pratiques, outils, exploitation à la préservation de la faune sauvage.
La gestion des bords de champs
2 ha, c’est en moyenne la surface de bords de champs d’une exploitation céréalière de 120 ha en région Centre. La gestion des bords de champs est plus compliquée qu’il n’y parait sur une exploitation car tous les bords de champs ne se valent pas. En fonction du type de bordure de champs, la gestion devra être différente afin d’empêcher le développement d’adventices dans les parcelles agricoles et d’optimiser la fonction du couvert pour la biodiversité.
Les jachères mellifères SIE
Les jachères mellifères sont des jachères ensemencées avec des plantes favorables aux pollinisateurs. Depuis 2018, les jachères mellifères peuvent être comptées dans les Surfaces d’Intérêts Ecologiques (SIE) lors de la déclaration PAC avec l’équivalence 1 m² de jachère mellifère = 1.5 m² de SIE.