Diversification des cultures
Les bénéfices des associations céréales-protéagineux
Semer des espèces en mélange pour tirer partie des caractéristiques de chacune des espèces semées et améliorer les performances du mélange par rapport à des espèces cultivées en pure, voilà un pari qui peut-être gagnant. Ses avantages sont d’autant plus visibles en système contraint comme en agriculture biologique.
Arvalis a étudié l’intérêt des associations céréales-protéagineux en agriculture biologique au niveau national sur la base des résultats d’un réseau de 9 essais menés de 2021 à 2023.
Les associations testées mêlent une céréale (blé tendre, blé dur, orge d’hiver, orge de printemps, triticale) et une légumineuse (pois, féverole, lentille). 3 stratégies sont testées. Elles correspondent à des proportions différentes de céréales et protéagineux dans les mélanges implantés :
- La stratégie « protéines » consiste à produire majoritairement de la céréale en comptant sur le protéagineux pour améliorer la teneur en protéines de la céréale. La densité de semis associée à cette stratégie est de 70% de céréales et 30% de protégineux.
Pour cette stratégie, la céréale correspond à 84% des graines récoltées (en poids de graines). La productivité de la céréale associée en termes de rendement et de teneur en protéines est nettement améliorée. Le rendement de la céréale associée (non fertilisée) est équivalent à celui d’une céréale pure fertilisée. La teneur en protéines de la céréale associée est améliorée de 0.7% en comparaison à une céréale seule non fertilisée et 0.6% par rapport à une céréale seule fertilisée.
- La stratégie « équilibre » souhaite produire autant de céréales que de protéagineux. La densité de semis associée à cette stratégie est de 55% de céréales et 45% de protéagineux.
Cette stratégie remplit son contrat puisque les céréales représentent 48% des graines récoltées et les protéagineux 52% (en poids de graines). Les performances du mélange sont toujours supérieures à celles des cultures pures, céréales ou protéagineux. Cependant, les céréales gagnent moins en productivité dans cette stratégie en comparaison des autres stratégies. Il faut toutefois souligner le gain en protéines par rapport à une culture de céréale seule : +3.4% en moyenne ! Le gain de rendement du protéagineux en mélange est également à souligner en comparaison d’un protéagineux seul (+ 5 q/ha).
- La stratégie « légumineuse » cherche à prioriser la production du protéagineux par rapport à la céréale. Cette dernière sert de tuteur au protéagineux. La céréale occupe l’espace au démarrage de la culture pour limiter le développement des adventices. La densité de semis associée à cette stratégie est de 20% de céréales et 80% de protéagineux. 4 espèces de légumineuse ont été testées : le pois, le pois fourrager, la féverole et la lentille.
A la récolte, la céréale représente 38% des graines récoltées (en poids de graine). Le rendement de l’association est supérieur à celui de chaque espèce cultivée en pure (+2 q/ha pour la légumineuse en association). La céréale voit son rendement et son taux de protéines (+3.7%) fortement augmenter par rapport à la céréale seule non-fertilisée.
Les résultats de cette étude montrent donc clairement l’intérêt des associations céréales-protéagineux quel que soit la stratégie choisie. Les rendements de chaque espèce sont améliorés de même que le taux de protéines de la céréale. Arvalis est allé plus loin en ayant également une approche économique. Ce sont les associations céréales-protéagineux qui apportent en moyenne les marges les plus élevées. Ceci dit cette moyenne cache des différences entre stratégies. C’est la stratégie « légumineuse » qui entrainent l’écart de marge le plus important en faveur de l’association.
Sources : Prespectices Agricoles. N°524. Septembre 2024. Pp 32-38.