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Techniques culturales

Fertilisation phospho-potassique et pH

Juin 2025


Juin est déjà là, les derniers semis germent et leurs racines commencent à explorer le sol. Il est temps de penser aux apports en Phosphore (P) et Potassium (K). En effet, ces éléments vitaux pour le développement des cultures se comportent différemment de l’azote : beaucoup moins lixiviables, le calcul de la dose dépend avant tout du sol.


Il est primordial de réaliser des analyses de terre pour connaître la quantité de P et de K à apporter. Le calcul, selon la méthode COMIFER, dépend :

  • du rendement prévu
  • de l’exigence de la culture
  • du nombre d’années d’impasse (sans fertilisation P-K)
  • et surtout du type de sol et de sa concentration en phosphore ou potassium.

En effet, contrairement à l’azote, le P et surtout le K sont naturellement présents dans les roches mères. Certains sols sont donc suffisamment riches pour fournir aux cultures ce dont elles ont besoin. A l’inverse, certains sols retiennent si fort le phosphore qu’il est peu accessible pour les plantes. Ainsi, on aura beau fertiliser en grandes quantités, la majorité sera emprisonnée par le sol avant même que les racines n’aient pu s’en saisir. C’est ce qu’on appelle le Pouvoir Fixateur du sol, qui dépend des minéraux (argiles) mais aussi du pH ; Si le pH est bas, le phosphore se fixe sur le fer, et s’il est trop haut, il est bloqué par l’excès de calcaire. Le pH optimal pour une bonne absorption du phosphore est donc autour de 6.5. Avant d’apporter du fertilisant en grandes quantités, il vaut donc mieux prendre le temps d’étudier son sol.

 

Les amendements basiques : incontournables pour la fertilité des sols acides

Le pH est un paramètre clé dans le sol. Il influence les plantes, les micro-organismes et le comportement des minéraux. Ainsi, en-dessous de pH 5.5, les racines absorbent difficilement le N-P-K, ce qui mène à des carences, et l’aluminium devient toxique. Les pH faibles accentuent aussi beaucoup les problèmes de battance. A l’inverse, en sol calcaire, des pH supérieurs à 7.5 peuvent provoquer des carences en oligo-éléments chez certaines plantes. C’est pourquoi la valeur idéale de pH est entre 6 et 6.5 voire 7 en sols fragiles, battants, compactés, hydromorphes. Si en sols basiques (pH élevé), les leviers pour améliorer l’absorption sont essentiellement agronomiques, pour les sols trop acides (pH faible) la gestion des amendements basiques est stratégique.

Pour cela, il est important de faire des analyses pour connaître le pH de son sol afin de prévoir les amendements basiques. Attention, le pH est généralement plus élevé de 0.5 point au printemps/été, pensez donc à faire vos analyses à la même période si vous voulez suivre l’évolution sur plusieurs années.

On peut aussi surveiller l’acidification en étant vigilant aux phénomènes de battance et aux carences induites sur les cultures lorsque le pH chute trop, comme les orges et blés. Si le pH est effectivement trop bas, il peut être remonté par un amendement basique. La dose à apporter dépend de la CEC (capacité d’échange cationique) du sol. Veillez toutefois à ne pas remonter le pH trop brutalement, ce qui serait trop impactant pour les micro-organismes du sol. Si vous prévoyez un entretien régulier, les amendements à action lente type calcaires broyés suffisent amplement. Les apports de matières organiques ont également un effet sur le pH, et réduisent la battance que l’acidification peut provoquer. Tout est lié pour une bonne fertilité des sols, entretien organique, amendement basique, fertilisation ajustée, couverture des sols…

 

D’autres leviers sont possibles.

Si le sol est trop faiblement pourvu, il est pertinent d’augmenter les apports en P-K, mais il est encore plus pertinent de limiter les pertes. Nous venons de voir que modifier le pH permettait de limiter les pertes par fixation du phosphore sur les particules minérales du sol. Il existe d’autres leviers : par exemple, le potassium est emporté par l’eau (comme l’azote) mais le phosphore, très lié aux minéraux, est emporté par l’érosion. Un bon couvert végétal durant les périodes de fortes pluies est donc fondamental pour s’assurer que le phosphore reste dans les champs plutôt que de finir dans le cours d’eau. Limiter les exportations de matière est aussi un levier : si les pailles sont pauvres en azote et phosphore, elles sont en revanche assez riches en K et matière organique : il peut donc être intéressant de les gérer au niveau de la rotation ou en compensant avec des amendements organiques et des couverts végétaux à forte biomasse.

Enfin, certains couverts végétaux ont la capacité d’aller remobiliser les éléments fertilisants situés en profondeur et de les restituer dans la couche superficielle du sol lors de leur destruction.


Cet article a été rédigé dans le cadre du projet Fertisol NA piloté par la Chambre d’agriculture Nouvelle-Aquitaine et mené en collaboration avec les Chambres d’agriculture 16, 86, 17-79, 24 et 64, ARVALIS, TERRENA et le NACA. Le projet est financé par la Région Nouvelle-Aquitaine et l’Union Européenne. Des fiches techniques sur la fertilisation sont également disponibles sur le site Agriconnaissances.


 

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