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Techniques culturales

La rentabilité du désherbage ciblé

Décembre 2025


Le désherbage ciblé en temps réel offre la possibilité de traiter uniquement les adventices repérées plutôt que d’épandre des herbicides sur toute la parcelle. Elle repose sur des capteurs ou des caméras embarqués sur le pulvérisateur, capables de détecter les mauvaises herbes puis d’activer ou non les buses en fonction des besoins. Face à cette pratique, la question du coût de l’équipement et donc de la rentabilité de la pratique est rapidement posée.


Ces technologies ont d’abord été développées pour des pulvérisateurs neufs ou spécifiquement conçus pour ce type d’usage. Mais qu’en est-il lorsqu’on adapte un pulvérisateur déjà existant ? C’est précisément ce que les équipes d’ARVALIS ont testé — dans le cadre du projet Farmtopia — en rééquipant un pulvérisateur porté de 15 mètres de large avec des capteurs de détection (CarbonBee, placés tous les 3 mètres) et un système de gestion des buses (régulation BBLeap) pour des applications « on/off ».

Détection des adventices : des algorithmes fiables mais perfectibles

L’un des enjeux majeurs est la fiabilité des capteurs et des algorithmes de détection. Sur maïs, les essais ont montré un taux de « bonne détection » d’environ 70 %. Cependant, près de 27 % des plantes détectées comme adventices étaient en fait des faux-positifs — c’est-à-dire des plantes prises à tort pour des mauvaises herbes.

Sur prairie, le taux de bonne détection monte à 77 % sur rumex, avec 22 % de faux-positifs. Lorsque l’on considère l’ensemble des adventices présentes, l’algorithme atteint une performance globale de 92 %.

Quant à l’ouverture des buses, les tests montrent qu’entre 86 % et 92 % des situations correspondent à une bonne détection des adventices. Un faible pourcentage (2,5 à 4 %) des situations correspond à des ouvertures de buses sans adventices identifiées. Toutefois, dans 6 à 10 % des cas, des adventices étaient détectées mais les buses ne s’ouvraient pas, ce qui risque d’entraîner un salissement de la parcelle.

Malgré ces imperfections, les résultats confirment que la pulvérisation ciblée est techniquement réalisable sur du matériel modifié, même si la réactivité des buses n’est pas parfaite.

Une réduction notable de l’IFT herbicide, avec un coût de travail légèrement supérieur

Pour évaluer l’intérêt technico-économique, ARVALIS a conduit une analyse multicritères sur une exploitation de polyculture-élevage (130 ha, avec prairies, maïs, colza, blé, orge) à Saint-Hilaire-en-Woëvre (55).

Sur ce modèle, différents scénarios ont été comparés : l’un de référence utilisant un traitement standard « en plein », d’autres utilisant le pulvérisateur rééquipé avec des taux de surface traitée à 75 %, 50 % ou 25 %.

Quand la surface traitée descend à 25 % de la surface de la parcelle, la réduction de l’Indice de Fréquence de Traitement (IFT) herbicide est réduit de 35 %. Cela se traduit par une économie importante d’herbicides, tout en préservant une marge nette équivalente à celle d’un traitement « classique ».

En revanche, la réduction de la surface à traiter s’accompagne d’une baisse de la vitesse d’avancement (10 km/h), ce qui augmente le temps de travail.

Des conditions de rentabilité à réunir

Selon ARVALIS, la pulvérisation ciblée rééquipée devient rentable à partir de 25 % de surface traitée. Au-delà de ce seuil, les économies d’herbicides compensent les contraintes supplémentaires, notamment le coût d’investissement (installation des capteurs et du système de buses) et la légère baisse de productivité.

Cependant, certains prérequis doivent être respectés pour maximiser l’intérêt de cette technique :

  • la densité d’adventices doit être suffisamment faible, ou bien localisée, pour que la différence entre traitement ciblé et traitement plein soit significative ;
  • l’exploitation doit être adaptée — des surfaces irrégulières, des cultures très denses ou des adventices difficiles à distinguer peuvent réduire l’efficacité ;
  • un entretien régulier du matériel de détection/buses est indispensable, pour garantir la précision des traitements.

Ces travaux montrent que la pulvérisation ciblée n’est plus réservée aux nouveaux équipements. Rééquipé a posteriori, un pulvérisateur peut devenir rentable à condition de parvenir à une surface traitée équivalente à 25 % de la surface de la parcelle ou moins. Grâce à une réduction d’IFT herbicide pouvant aller jusqu’à 35 %, cette approche peut concilier économie agricole, économie d’intrants et réduction de l’impact environnemental.


Sources : https://www.arvalis.fr/infos-techniques/desherbage-cible-equiper-un-pulverisateur-devient-rentable-des-25-de-surface

 

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